Bleu Cauchemar by Laurie Faria Stolarz

Auteur:Laurie Faria Stolarz [Stolarz, Laurie Faria]
La langue: eng
Format: epub
Tags: Bleu Cauchemar
Éditeur: Albin Michel Wiz
Publié: 2011-11-11T22:39:37+00:00

Dix-Sept

Nous décidons de traquer Veronica Leeman au café du campus, puisque c’est là qu’elle a l’habitude de traîner. En chemin, je finis par livrer à Drea et à Amber une version « tous publics » de mon cauchemar.

Je leur raconte comment Chad s’est pointé à la fenêtre, je leur parle de la lettre « C’est drôle, l’amour » et des trois lys qu’il m’a donnés pour Drea. Trois lys, pas quatre, sans doute pour me rappeler qu’un jour s’est écoulé, que nous nous sommes rapprochées de vingt-quatre heures du danger, quel qu’il soit, qui nous menace. Amber me pose toutes sortes de questions

— Chad a-t-il mentionné PJ ? Riait-il en me donnant les lys ou était-il sérieux comme un pape ? -, mais tout ce que Drea trouve à me demander, c’est pourquoi j’ai rêvé de Chad, d’abord.

Je prends une grande inspiration, compte silencieusement jusqu’à cinq et lui dis que l’apparition de Chad dans mon rêve n’est sans doute pas significative. Que j’ai rêvé de lui parce qu’il est venu à la fenêtre hier en apportant cette lettre qu’il avait reçue avec son maillot de hockey.

Ou alors, c’est peut-être parce qu’il est réellement mêlé à tout cela.

Nous poussons la porte du café et Veronica est là, installée à une table ronde avec Donna Tillings, la pipelette de la classe. En temps normal, nous ne fréquentons pas cet endroit car les habitués ne sont pas vraiment notre tasse de thé : un mélange de bandes branchées et d’élèves du genre artistes tourmentés. C’était un théâtre il y a bien longtemps, avant que les pièces ne se jouent dans l’auditorium, et tout le décor a été conservé : scène, sièges de théâtre, menus imitant des scripts, chaises de réalisateur. Les profs et les administrateurs appellent le café par son nom, Tous en Scène, mais à part eux tout le monde l’appelle « Le Pendu », parce que la légende veut qu’une fille s’y soit pendue en apprenant qu’elle n’aurait pas le premier rôle dans la comédie musicale Carousel.

— J’adore trop l’odeur du café, dit Amber. Je vais m’en prendre un.

Elle se penche par-dessus le comptoir et remarque Donovan, assis dans un coin, occupé à dessiner le sucrier et le pot à crème en sirotant un expresso.

— Coucou, Donovan ! fait-elle d’une voix chantante en coulant un regard vers Drea. Tu me paies un café ?

Donovan lui fait un signe de la main mais s’empresse de retourner à son dessin.

— Ça veut dire non, je suppose, dit Drea. De toute manière, tu ne sais pas que le café tache les dents ?

Elle observe les plateaux de victuailles derrière le comptoir en verre : petits pains à la cannelle, cookies aux pépites de chocolat et aux noix de macadamia, bonshommes de pain d’épice couverts d’un glaçage rose, avec un nœud coulant rose autour du cou. Je demande :

— Les filles, vous oubliez pourquoi on est là ?

— Non, répond Drea. Allons-y, ce sera fait. Veronica Leeman n’est pas vraiment la personne à qui j’aime le plus parler au monde.

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